Frank Capra : vitesse, visages
Analyse de Bernard Benoliel

19 janvier 2017

Frank Capra (1897-1991), un cinéaste célèbre et dont bien des films sont encore trop méconnus (le merveilleux Forbidden / Amour défendu, 1932…) ; un cinéaste réputé pour ses comédies politiques à succès et leur rapidité de ton et d’exécution ; un cinéaste qui demandait à ses acteurs et actrices d’une prise à l’autre d’un même plan de parler plus vite, d’accélérer. Cette vitesse, c’est à l’unisson celle des temps modernes, de cette Amérique industrieuse, à plein régime, en surchauffe même à en croire la crise de 1929, une des plus violentes de son histoire. Des temps modernes donc habités et minés par la vitesse, une vitesse trompeuse, pernicieuse, qui déforme les êtres et les valeurs. Où se trouve alors la vérité, où s’est-elle réfugiée ? Pour Capra, pas de doute qu’elle se voit encore sur certains visages qui, eux, ne mentent pas, des visages sans masques ni maquillages, des visages qui à eux seuls permettent au cinéaste de faire l’éloge salutaire de la lenteur.


Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.