Alexeïeff et Parker, montreurs d'ombres
Conférence de Jean-Baptiste Garnero et Sophie Le Tétour

12 mai 2017

« Il y a une relation entre le procédé et la façon de créer d'un individu. Et qui veut bien s'exprimer et penser à sa façon se doit de trouver des techniques personnelles », remarquait Alexandre Alexeïeff. La virtuosité du film Une nuit sur le mont Chauve (1934) ne tient pas seulement au génie artistique de ses auteurs mais aussi à la poésie née de l'instrument conçu spécialement : les cinéastes Alexandre Alexeïeff (1906-1981) et Claire Parker (1906-1981) ont en effet inventé un outil inédit, l'écran d'épingles, où le jeu de lumière sur les pointes offre la gamme des dégradés de gris désirée et sur lequel ils ont réalisé quelques films majeurs du cinéma d'animation. Dans leur atelier parisien du 36, avenue Jean-Moulin, ils n'ont eu de cesse d'explorer de nouvelles voies et ont trouvé notamment dans le film publicitaire un véritable terrain d'expérimentation : c'est ainsi qu'ils ont créé, au début des années 1950, leur curieuse machine à « totalisation », qui leur permettait d'animer et de donner forme à la lumière. Aussi, toute l'œuvre du couple est intimement liée aux moyens techniques qu'ils ont su imaginer pour créer des images mobiles, concevoir un art du mouvement, animer l'ombre et la lumière et en révéler l'intensité poétique.


Jean-Baptiste Garnero est chargé d'études pour la valorisation des collections à la direction du patrimoine cinématographique du CNC.

Sophie Le Tétour est chargée d'études pour la valorisation des collections à la direction du patrimoine cinématographique du CNC.