George Romero, l'horreur comme jeu de stratégie et sport de combat
Conférence de Vincent Malausa

22 janvier 2017

C'est ironiquement en plein jour que l'horreur, pour l'auteur de La Nuit des morts-vivants, éclate avec le plus de force. Le réalisme volontiers sordide de l'œuvre, la sécheresse de ses effets, son goût de la stratégie et son travail de démythification des figures les plus emblématiques du cinéma fantastique (zombie, vampire, sorcière) s'inscrivent dans une logique de frontalité et de rejet qui redoubla de puissance au moment où l'hygiénisme reaganien s'empara du cinéma américain. De la furie gore extatique de Zombie à la colère froide du Jour des morts-vivants, Romero est l'inventeur d'une horreur de combat où cinéma d'action, nausée salutaire et ludisme du genre dessinent l'une des plus virulentes paraboles de la frénésie et des excès de l'Amérique de ces quarante dernières années.


Vincent Malausa est critique aux Cahiers du cinéma. Ancien responsable de la rubrique cinéma de Chronic'art et ex-membre de la défunte revue Panic, il a participé à l'ouvrage collectif Politique des zombies, l'Amérique selon George A. Romero (Ellipse, 2007, réédité en 2015, sous la direction de Jean-Baptiste Thoret).