Deux filles dans la rue

mercredi 7 mars 2018, 21h45

Salle Jean Epstein

21h45 23h10 (84 min)

Deux filles dans la rue Két lány az utcán
André De Toth
Hongrie / 1939 / 84 min / 35mm / VOSTF
D'après Tamás Emőd et Rezső Török.

Avec Maria von Tasnady, Bella Bordy, Andor Ajtay.

Deux filles, Gyöngyi et Vica, fuient leur petit village et partent vivre à Budapest, où elles se rencontrent au hasard des rues. Leurs vies ne tardent pas à être bouleversées.

Restauration initiée par la World Cinema Foundation de Martin Scorsese et par les Archives Nationales du Film de la Hongrie en 2009. Le travail de conservation fut dirigé par le Laboratoire L'Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna.


Né austro-hongrois en 1912, bien mieux identifié pour les westerns de sa carrière américaine, André De Toth a connu une brève mais intense période hongroise : pas moins de cinq réalisations en 1939, tandis qu’il fut la même année envoyé au front en Pologne afin d’y filmer l’invasion allemande pour le compte des actualités. Second film dans la chronologie de son œuvre, Two Girls on the Street semble a priori poser les jalons d’un mélodrame : le destin de deux jeunes femmes fuyant leur village pour rejoindre Budapest ; l’une paysanne orpheline terrifiée par son beau-père, l’autre d’origine aristocratique, reniée parce qu’enceinte hors mariage.

Gyöngyi gagne sa vie dans la capitale grâce à son talent de violoniste tandis que la naïve Vica trouve un emploi dans la construction. De Toth instaure ainsi un profond hiatus social entre les deux protagonistes pour mieux célébrer la solidarité féminine, une capacité à transcender cette altérité alors que les jeunes femmes ignorent qu’elles viennent du même village. La promesse mélodramatique n’est pas toujours déçue (par exemple la tentative de suicide de Gyöngyi), mais Two Girls on the Street adopte aussi le ton accueillant d’une comédie riche en vicissitudes. De Toth s’appuie sur d’excellents dialogues, souvent savoureux et piquants, à l’image des thèmes assez osés qu’il déploie ici. L’ensemble est assez décousu, et cette hétérogénéité inclut la forme, parfois assez élémentaire, se référant à d’autres moments aux avant-gardes des deux décennies précédentes, tandis que certaines séquences sont traversées par les vibrations de la « ville réelle ».

Arnaud Hée