Les Exploits de Pearl White

mercredi 7 mars 2018, 16h30

Salle Jean Epstein

16h30 18h35 (125 min)

30 min

Pendant, après la Seconde Guerre mondiale et jusqu'au milieu des années 1950, plusieurs fictions hollywoodiennes cèdent à une tentation : revenir en arrière, renouer comme par magie avec une haute et « belle époque », ce temps perdu d'une innocence fantasmée, un temps rêvé qui se confond avec celui du cinéma muet. Pourquoi, à ce moment-là, ce retour au temps du muet et plus encore aux formes originelles du spectacle américain, à des figures populaires passées et ressuscitées par la fiction : Valentino, Pearl White, Keaton, Annette Kellerman, Houdini, Barnum, le grand Ziegfeld, et bien d'autres ? Pourquoi cette soudaine parade ? Tentative de réponse en huit séances.

À l'issue de l'intervention, projection du film Les Exploits de Pearl White (The Perils of Pauline, 1947) de George Marshall.


Bernard Benoliel est directeur de l'action culturelle et éducative à la Cinémathèque française.


Les Exploits de Pearl White The Perils of Pauline
George Marshall
Etats-Unis / 1947

Avec Betty Hutton, John Lund, Billy De Wolfe.

Pearl White travaille dans un atelier de couture et rêve de théâtre, mais c'est dans les studios de cinéma qu'elle va se faire remarquer par son audace et devenir une des premières stars mondiales.

En contant l’histoire de Pearl White (1889-1938), vedette du cinéma muet connue pour ses cascades, George Marshall propose après-guerre une redécouverte d’une forme chérie du cinéma naissant : le serial. Ce modèle de production cinématographique fut alors à l’initiative d’un réalisateur français Victorin Jasset (Nick Carter, le roi des détectives en 1908 et Zigomar à partir de 1910). Le genre apparaît aux États-Unis en 1912 avec What Happened to Mary produit par la compagnie d’Edison. Le serial avait la vertu de fidéliser les spectateurs qui assistaient chaque semaine aux nouveaux épisodes d’un même héros. Les Périls de Pauline et Les Mystères de New York, tous deux produits par Pathé en 1914 et tous deux avec Pearl White, sont un des grands succès du genre. L’historien Francis Lacassin rappelle la première impression que le studio a eu de l’actrice : « Lorsque Pearl vint pour la première fois chez Pathé, elle était – comment dirais-je – un peu gauche et rustaude. ».
En 1947, George Marshall reprend ce trait de caractère de la jeune femme intrépide et sincère. Devant la pénurie de rôles au théâtre, Pearl White alias Betty Hutton finit par céder à la tentation du cinéma. Le premier plateau qu’elle parcourt, enfilade de tournages simultanés, est chaotique, noyé dans un fond sonore constitué de paroles inaudibles, de violons et de coups de feu. Son amie ne sait pas qu’elle va être victime d’un gag burlesque. Elle est entartée sous les yeux de Pearl qui, dans un élan de bravoure, la venge et retraverse l’ensemble du studio en passant en revue tous les genres de production de l’époque : d’un film burlesque à un drame mondain, d’un affrontement dans un saloon à la jungle d’un film exotique où, sous le coup de sa colère, elle fait déguerpir un lion féroce sous les yeux ébahis de l’ensemble des techniciens et acteurs. Après ce tour de force, il n’y a pas de doute, elle est faite pour le cinéma et obtient sur le champ un contrat à 100 dollars la semaine. Les choses avaient l’air simples en ce temps-là…

Sarah Ohana