Faux mouvement

vendredi 9 mars 2018, 14h30

Salle Georges Franju

14h30 16h15 (103 min)

Faux mouvement Falsche Bewegung
Wim Wenders
République fédérale d'Allemagne / 1974 / 103 min / DCP / VOSTF
D'après Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister de Goethe.

Avec Rüdiger Vogler, Hanna Schygulla, Hans-Christian Blech.

Fuyant une mère oppressante, le jeune Wilhelm se rend à Bonn pour devenir écrivain. Dans le train, il rencontre un ancien athlète olympique et sa compagne. Une actrice et un homme les rejoignent.

Restauration 4K à partir du négatif original 35 mm, menée par la Fondation Wim Wenders.
Ressortie en salles le 14 mars 2018. Distribution Les Acacias pour Le Pacte.


Pour Wim Wenders, Faux mouvement a au moins deux origines. D’abord, le projet d’adapter avec son complice de jeunesse Peter Handke le roman de Goethe, Les Années d’apprentissage de Wilhelm Meister. Du célèbre récit initiatique, Faux mouvement livre une version désenchantée. Wim Wenders dira que le film « serait donc le voyage de quelqu’un qui a cet espoir de comprendre le monde, et pour qui le contraire se passe : il va se rendre compte que son mouvement le mène vers le néant ». C’est Rüdiger Vogler, acteur fétiche et double de Wenders, qui interprète Wilhelm, un écrivain en panne d’inspiration qui quitte sa ville natale la rage au ventre. Il veut « simplement écrire, comme on veut marcher ». Les dialogues et la voix off écrits par Handke se caractérisent par un style économe et tranchant. Faux mouvement déploie également une des grandes préoccupations de Wim Wenders à l’époque : filmer les paysages et son pays. Le cinéaste décide que ses personnages traverseront l’Allemagne du nord au sud. Il conçoit un trajet depuis Glückstadt (choisie pour son nom, « ville du bonheur ») à Zugspitze, à trois mille mètres dans les Alpes bavaroises. Dans la trilogie du voyage de Wenders (qui comprend également Alice dans les villes et Au fil du temps), Faux mouvement constitue l’opus le plus politique, celui par lequel le cinéaste se confronte à l’Histoire de l’Allemagne, à sa part sombre et à l’ambiguïté lancinante de son présent (quelle est l’identité de Laertes, quelles relations entretient-il avec la jeune Mignon/ Nastassja Kinski dans son premier rôle ?). La critique allemande Lotte Eisner soulignera bien à quel point la dimension de révolte et le « dégoût profond devant un nazisme inextricable » sont liés à la renaissance tant attendue du cinéma allemand à la fin des années 1960.

Pauline de Raymond