Jeanne Dielman, 23, quai du Commerce 1080 Bruxelles

vendredi 2 février 2018, 19h30

Salle Henri Langlois

19h30 22h55 (202 min)

Chantal Akerman
Belgique, France / 1975 / 202 min / DCP

Avec Delphine Seyrig, Henri Storck, Jacques Doniol-Valcroze.

Trois jours de la vie d'une mère veuve qui se prostitue chez elle pour joindre les deux bouts.

Jeanne fait des « passes à domicile  » et c'est ce qui lui permet de survivre dans une sorte d'indifférence, prise qu'elle est entre ce rituel sexuel lucratif et l'épluchage de pommes de terre.
Le sujet et le parti pris esthétique de Chantal Akerman se fondent sur l'épuisement, exténuation d'une vie d'une part et épuisement plastique d'autre part revendiqué à une époque où l'art conceptuel est aux postes de commande des autres arts.
La puissance du film est intacte aujourd'hui car son ambition fut de donner l'illusion que le déroulement diégétique correspondait au dévidement du temps réel. Pourtant, les cadrages, les infimes mouvements d'appareil et l'impassibilité de Delphine Seyrig parviennent contre toute attente à imprégner le banal appartement d'une « inquiétante familiarité » freudo-hitchcockienne.
Si le film opère, quarante années plus tard, un tel effet dramatique et visuel, et dont la restauration récente accentue encore l'efficience, c'est au travail de lumière qu'on le doit également. L'invention de Chantal Akerman se loge pour partie dans cette virtuose utilisation de la lumière du jour qui change lentement et les formes variables que projettent les lumières artificielles de la ville de laquelle Jeanne s'isole.

Dominique Païni


Restauré par la Cinémathèque Royale de Belgique à partir du négatif original caméra couleur 35 mm.