Voyage en Italie

samedi 4 juillet 2015, 14h30

Salle Henri Langlois

14h30 16h00 (88 min)

Voyage en Italie Viaggio in Italia
Roberto Rossellini
Italie-France / 1953 / 88 min / DCP / VOSTF

Avec Ingrid Bergman, George Sanders, Maria Mauban.

En voyage à Naples, entre musées et visites archéologiques, un couple se délite progressivement, avant de se retrouver.

Dans les rues de Naples, la renaissance d'un amour à son crépuscule, écrite au jour le jour par Rossellini. Drame intime sur l'incommunicabilité et la force de l'attachement, Voyage en Italie raconte le flot d'une vie conjugale, rythmée par l'ennui et le manque de désir. De malentendus en doutes constants, l'absurdité des blessures morales contamine la relation de couple entre Katherine et Alexander, qui se fuient mais continuent à s'aimer. Une œuvre quasiment autobiographique, citée par Rivette et Truffaut comme l'exemple du « film moderne ».

Un couple d'Anglais se rend dans les environs de Naples pour régler un héritage familial. « A business trip », explique-t-il à des amis. « But a pleasure trip too », s'empresse-t-elle d'ajouter. Ce séjour, plongée intime dans leurs tourments conjugaux, ne sera ni l'un ni l'autre. Du roman Duo de Colette (1934), Rossellini ne garde que les conflits d'un couple : « Un grand nombre de mariages sont de véritables sociétés. L'épouse se charge des relations publiques, le mari des opérations économiques. En dehors de leurs devoirs quotidiens, ils ne savent pas quoi se dire », déclare le réalisateur. Il ajoute un troisième personnage, la culture et les paysages italiens, compose le film au jour le jour et intensifie les sentiments de solitude et de désarroi des deux acteurs principaux sur le tournage. Ingrid Bergman, enfermée dans son corps raide, et George Sanders, prisonnier de son cynisme britannique, semblent incapables de s'abandonner à la sensualité et à la lumière du sud. Les deux étrangers se confrontent à un monde fait pour les vivants mais aussi pour les disparus, où les statues, la terre fumante du Vésuve et les amants ensevelis de Pompéi semblent avoir leur propre vitalité. Le traitement documentaire des lieux, le relatif détachement de Rossellini, son refus du sentimentalisme, nous font épouser les mouvements secrets de leurs pensées – de la tentative d'un flirt à l'amertume, de la lâcheté à l'espoir –, avant qu'ils réalisent n'avoir jamais cherché à comprendre l'autre.

Florence Tissot