Affiches japonaises de « Bara no soretsu » (« Les Funérailles en rose ») de Toshio Matsumoto (1969)

15 septembre 2016

« Bara » : rose en japonais. Rose comme l'une de cette paire d'affiches et comme les fleurs préférées du personnage de Leda. Rose comme les « pinku eiga » (films roses), ces films pornographiques nippons réalisés par des petits studios indépendants, mais aussi terme utilisé dans les années 60-70 pour désigner la communauté homosexuelle japonaise.

Voici l'univers dans lequel évolue Eddie, jeune travesti à la recherche de son identité et de son destin. Un Œdipe en virée nocturne tokyoïte écumant les bars gay. Matsumoto réinterprète le mythe dans une version pop. Le héros change d'apparence pour devenir une femme qui prend pour amant son propre père qu'il (elle) ne connaît pas. Histoire inversée. Tout comme le visage de l'affiche, celui de Pitâ (dit Peter), acteur transgenre qui tourna également dans le Ran de Kurosawa. Histoire de miroirs. Face à son reflet, Eddie ne cesse de se demander qui il est. Deux Eddie, deux affiches : une rose et sa jumelle jaune pâle (plus rare). Elles sont signées de Setsu Asakura, grande directrice artistique pour le théâtre, mais aussi au cinéma pour Masahiro Shinoda, Yoshishige Yoshida ou Kon Ichikawa. Au bas des affiches, le sigle de l'ATG (Art Theatre Guild), célèbre studio de production d'œuvres indépendantes spécialisé dans la diffusion du cinéma international.

Le film de Matsumoto aurait aussi bien inspiré Kubrick pour Orange mécanique que Gus Van Sant pour sa transposition de Falstaff dans le Portland homosexuel de My Own Private Idaho. Expérimental, documentaire ou fiction en noir et blanc, Les Funérailles en rose est un ovni captivant, à nous retourner la tête.


  • Type d'objet : Affiches de film
  • Support : Offset - Coul.
  • Auteur : Setsu Asakura
  • Année : 1969
  • Pays : Japon
  • Format : 73x52 cm
  • Crédits : © Setsu Asakura