Affiche anglaise de « La Dolce vita » (Federico Fellini, 1959)

29 janvier 2016

Sifflé lors de la première à Milan en février 1960, le film le plus célèbre de Federico Fellini a fait scandale à sa sortie dans les milieux religieux et bourgeois, créant la polémique tout en remportant la Palme d’or à Cannes en mai de la même année. Tournant décisif dans l’oeuvre du cinéaste, débutée sous le signe du néo-réalisme, La Dolce Vita raconte, en près de trois heures, les virées d’un journaliste de presse à sensation désabusé. En quête de scoops croustillants et de rencontres féminines, Marcello (Marcello Mastroianni) arpente la capitale italienne entre soirées jet set débauchées et banlieues sordides, lieux sacrés et lieux de perdition qui font tiquer la censure.

Distribué au Royaume-Uni en 1961 et X-rated for adults only, La Dolce vita y fait l’objet d’une promotion digne des films d’exploitation américains, surfant sur le parfum de scandale sans faire mention du prix cannois. Typiquement anglo-saxone par sa forme bavarde, cette affiche souligne, avec une accroche, le choc suscité par The Sweet Life, titre alternatif du film en Angleterre. Un commentaire pointe encore « l’origine de tous les dangers d’une société permissive qui traîne les idoles populaires dans les profondeurs de la dépravation » et « une accusation torride de la poursuite implacable du plaisir ». Le format TotalScope est cité sous le petit X restrictif, imprimé à la suite du titre original, affublé d’un point d’exclamation, tandis que le casting est relégué au bas de l’affiche. Le tout s’organise autour d’un photomontage de trois photographies du film, sommairement détourées de leur décor sur un fond monochrome intense qui tranche avec le noir et blanc. Une composition graphique classique des affiches de l’époque imprimées en offset aux États-Unis et en Grande-Bretagne.

L’affiche anglaise met en avant des images déjà iconiques d’une Anita Ekberg révélée par le film, dans un rôle qui lui est proche : Sylvia Rank, une actrice hollywoodienne d’origine suédoise… Miss Suède 1950 et ex-mannequin, Anita Ekberg avait ensuite tourné 5 ans à Hollywood et déjà incarné son propre rôle aux côtés de Jerry Lewis et Dean Martin dans deux films de Frank Tashlin, avant de croiser Fellini en Italie. Ses courbes se déploient sur la moitié de l’affiche, l’immortalisant abandonnée dans une scène devenue mythique : la baignade nocturne en tenue de soirée dans la fontaine de Trevi, inspirée d’une série de photos de 1958 où la starlette, vêtue de blanc, y rafraîchissait son pied blessé sous l’objectif de Pierluigi Praturlon, également photographe de plateau sur La Dolce vita l’année suivante. La deuxième apparition de l’actrice est issue d’une scène filmée dans les thermes de Caracalla où elle danse sur un rock interprété par le tout jeune Adriano Celentano. En passant, le graphiste anonyme ajoute des bretelles à sa robe, sans doute pour varier les tenues…

La photo de Mastroianni – dont le sens a été inversé par rapport à la prise de vue initiale – est extraite de la dernière soirée arrosée dans la villa de Nadia Gray qui fête son divorce. La même image subversive est également exploitée sur une affiche italienne, post Cannes, et sur une affiche espagnole.


  • Type d'objet : Affiche de film
  • Support : Offset – Couleurs
  • Année : 1961
  • Pays : Grande-Bretagne
  • Format : 77 x 100 cm
  • Crédits : Droits réservés