Fassbinder et Döblin, histoire d'une dévoration

Fassbinder et Döblin, histoire d'une dévoration
Conférence d'Alban Lefranc

« J'avais, tout simplement et sans en avoir conscience, fait de l'imaginaire de Döblin ma propre vie. » Fassbinder n'a pas seulement adapté pour la télévision le roman monstre d'Alfred Döblin, Berlin Alexanderplatz, paru en 1929, à travers une série de quatorze épisodes. Entre lui et ce livre qui, adolescent, « l'empêche de crever », il y a bien plus qu'un dialogue ou le choix calme et réfléchi de certains thèmes ou principes esthétiques : l'amour comme l'instrument le plus efficace de l'oppression sociale, l'élévation dans le mythe de personnages en apparence insignifiants, le goût du mélodrame, etc. Dans presque tous ses films, le cinéaste tord le roman à travers ses obsessions propres, le déplace, le réinvente, mais le roman résiste et le tord en retour. On décrira quelques moments de cet étrange corps à corps entre un livre et un cinéaste.


Romancier et dramaturge, Alban Lefranc a réinventé les vies de Fassbinder (Fassbinder, la mort en fanfare, Rivages, 2012), mais aussi de Mohamed Ali (Le Ring invisible, Verticales, 2013) ou Maurice Pialat (L'Amour la gueule ouverte : hypothèses sur Maurice Pialat, Helium / Actes Sud, 2015). Ses romans ont été traduits en allemand et en italien. Il écrit aussi pour le théâtre (Steve Jobs, mise en scène : Robert Cantarella). Sa pièce Table rase paraît en janvier 2018 aux éditions Quartett.