Souvenirs de justice

Souvenirs de justice The Memory of Justice

Marcel Ophuls
Grande-Bretagne-Etats-Unis-France-République fédérale d'Allemagne / 1976 / 278 min

L'impact du procès de Nuremberg sur la société allemande à la lumière des guerres de la seconde moitié du XXe siècle, le Vietnam et l'Algérie, et des crimes qui y ont été commis.

Restauré par l'Academy Film Archive, en collaboration avec Paramount Pictures et The Film Foundation. Avec le soutien de The Material World Charitable Foundation, Righteous Persons Foundation et The Film Foundation.


Marcel Ophuls appartient à cette génération qui a connu plusieurs guerres. À l'âge de six ans, il fuit l'Allemagne nazie en 1933 avec son père Max, puis la France pour se réfugier aux États-Unis. Plus tard et au contraire de la fuite, le cinéaste fera face avec ses documentaires : il affrontera, avec son intelligence et son regard critique, plusieurs conflits armés et s'interrogera sur l'origine de la violence.
La Deuxième Guerre mondiale, les camps d'extermination, l'Occupation, le gouvernement de Vichy, seront son champ de bataille. Dans The Memory of Justice, le cinéaste revient sur le procès de Nuremberg (1945- 46), premier procès international contre des dignitaires nazis, accusés entre autres, de crimes contre l'humanité. Il dialogue à nouveau avec les rescapés comme Marie-Claude Vaillant-Couturier, survivante d'Auschwitz, qui se présente comme « porte-parole de toutes mes amies mortes, de tous ceux qui ont été exterminés » et se rappelle à propos de ses bourreaux : « Je voulais voir de près la tête qu'ils ont. Je les ai dévisagés un à un, ils ont l'air d'hommes comme tout le monde. » Marcel Ophuls parcourt l'Allemagne, sur les traces d'anciens officiers du Troisième Reich, « ces vieux » au passé encombrant, qui, en effet, ressemblent aux Américains et Français eux aussi interrogés. L'ancien juge et défenseur Otto Kranzbühler conclura ainsi son entretien : « Soit je ne savais rien de tous ces crimes, auquel cas j'étais un idiot. Ou je savais quelque chose et j'y ai participé et dans ce cas, j'étais un criminel. Ou je n'avais rien fait pour l'arrêter auquel cas j'étais un lâche. » Marcel Ophuls poursuit son investigation, s'immisce auprès de la jeunesse allemande, celle qui contribuera à une réconciliation. Mais le cinéaste s'interroge encore, aborde aussi des questions plus contemporaines sur la guerre du Vietnam et la guerre d'Algérie, faisant cohabiter des images atroces des camps de concentration avec des scènes de combat au Vietnam, de la bombe atomique et de tortures en Algérie.

Hervé Pichard