Deux ou trois choses que je sais d'elle

Deux ou trois choses que je sais d'elle

Jean-Luc Godard
France / 1966 / 90 min
D'après Catherine Vimenet.

Avec Marina Vlady, Anny Duperey, Roger Montsoret.

Les transformations urbaines et l'histoire d'une jeune femme devenue prostituée.

« ELLE, la cruauté du néo-capitalisme. ELLE, la mort de la beauté moderne. ELLE, la Gestapo des structures. » (JLG, 1966)

Restauré par Argos Films, avec le soutien du CNC aux Laboratoire Eclair et L.E. Diapason.


Entre 1964 et 1965, Anatole Dauman manifeste son désir de produire un film de Godard, dont la renommée et la créativité sont alors à leur sommet (Bande à part, Une femme mariée, Alphaville et Pierrot le fou sortent alors). Leur collaboration sera double : d’abord Masculin féminin, puis Deux ou trois choses que je sais d’elle qui correspond au désir initial de Dauman de produire un film traitant de la prostitution occasionnelle.
Godard s’inspire largement d’une enquête de Catherine Vimenet dans Le Nouvel Observateur traitant de la prostitution occasionnelle née avec le développement des grands ensembles dans la région parisienne. Il en reprend des phrases entières dans le scénario, transformant le film sulfureux dont rêvait Dauman en une ambitieuse articulation entre un moment dans la vie d’une femme mariée, mère de deux enfants (interprétée par Marina Vlady, actrice a priori peu godardienne, mais dont le cinéaste loue l’altérité, ce côté « à la fois un peu molle et très dure » selon ses mots), et un moment dans la vie d’un paysage urbain en pleine mutation. De cette double ambition naît un film aussi conceptuel et théorique que sensible et puissant, mais aussi un pur geste documentaire capturant au plus près le Paris estival de 1966.
Godard écrit un scénario court mais parfaitement articulé annonçant l’ensemble de la structure du film, mais ne filmera rien de tout ce qui est conjonctif, sacrifiant le « raconter  » au profit d’un « voir » brut, et intégrant toutes sortes de personnages et d’évènements ne relevant pas de l’intrigue avec la conviction qu’ils trouveront leur place dans le film au montage. Cette méthode donne le sentiment d’un film éclaté mais d’une cohérence absolue, d’une grande richesse et d’une immense liberté.

Caroline Maleville


Générique

Réalisateur : Jean-Luc Godard
Assistant réalisateur : Charles Bitsch
Scénariste : Jean-Luc Godard
Auteur de l'oeuvre originale : Catherine Vimenet
Dialoguiste : Jean-Luc Godard
Auteur du commentaire : Jean-Luc Godard
Sociétés de production : Anouchka Films, Argos Films, Contact Éditions, Parc Film (Paris)
Producteur : Anatole Dauman
Directeur de production : René Levert
Directeur de la photographie : Raoul Coutard
Ingénieur du son : Philippe Senné
Compositeur de la musique originale : Ludwig vanBeethoven
Monteur : Françoise Collin
Script : Suzanne Schiffman
Régisseur : Claude Miller
Interprètes : Marina Vlady (Juliette Janson), Anny Duperey (Marianne), Roger Montsoret (Robert Janson), Raoul Lévy (L'Américain), Jean Narboni (Roger), Jean-Luc Godard (la voix du narrateur), Héléna Bielicie (jeune fille dans son bain), Blandine Jeanson (l'étudiante), Anna Manga (fille dans la cave), Helen Scott (femme au billard), Robert Chevassu (employé E.D.F.), Yves Beneyton (jeune homme), Jean-Pierre Laverne (l'écrivain), Claude Miller (Bouvard), Jean-Patrick Lebel (Pécuchet), Marie Bourseiller (Solange), Joseph Gehrard (M. Gérard), Juliet Berto (fille avec Robert), Benjamin Jules-Rosette (le Noir dans la cave), Christophe Bourseiller (Christophe)