La Femme rêvée

La Femme rêvée

Jean Durand
France / 1928 / 127 min
D'après J. Perez de Rozas.

Avec Charles Vanel, Arlette Marchal, Alice Roberte.

À Séville, Angel Caal, un homme d'affaire parisien, échappe à la cécité à la suite d'un accident de voiture, grâce aux soins dévoués de Mercédès, destinée au couvent. Ils tombent amoureux et Mercedes découvre bientôt les tentations qu'offrent la capitale aux côtés de l'ancienne maîtresse de Caal, Suzanne Fleury et d'Harry Pilcer, danseur vedette au Casino de Paris.

Considéré comme perdu, le film a été restauré in extremis par Gaumont aux laboratoires Éclair, grâce à la découverte de deux négatifs nitrates d'origine. Film restauré avec le soutien du CNC.


Dans les années 1920, Jean Durand se convertit au cinéma de fiction dramatique. La Femme rêvée est un projet plus ambitieux encore que ses précédentes productions. Tourné en grande partie en Andalousie, il abonde en séquences spectaculaires : féria de Séville et fuite d’une manade de taureaux sous l’orage. Pour les séquences parisiennes : scènes à la piscine du Lido et spectacle du Casino de Paris, où Harry Pilcer, l’introducteur du charleston en Europe, exécute son numéro sur le « grand escalier », qu’il interprète à cette époque dans la revue Paris qui chante.
Librement inspiré d’un roman du journaliste José Perez de Rozas, La Femme rêvée se situe dans la lignée dramaturgique de ces œuvres qui, dans les années 1920, passionnent – et parfois scandalisent – une opinion publique sensible à l’évolution des mœurs qui a suivi l’épreuve de la Grande Guerre. Sous forme de drame bourgeois apparemment anodin (le mari, la femme et l’amant…), Jean Durand aborde des sujets considérés comme brûlants : liberté des femmes, possibilité d’un triangle domestique, plaisirs interdits du monde de la nuit…
Le film bénéficie d’une distribution de prestige avec à sa tête un Charles Vanel qui vient de s’illustrer à Berlin en Napoléon sous la direction de Karl Grüne. À ses côtés, Alice Roberte, jeune première, elle aussi choisie par Pabst pour incarner dans sa Loulou la sulfureuse comtesse Geschwitz, et la sculpturale Arlette Marchal, vedette depuis 1927 grâce à son rôle de Châtelaine du Liban dans le film de Marco de Gastyne. En dehors d’une intrigue qui a son intérêt et son charme, La Femme rêvée peut être considéré comme un témoignage passionnant d’un cinéma muet encore attaché à ses certitudes formelles, beauté plastique et engouement pour l’exotisme, photogénie des paysages et des êtres.

Pierre Philippe


Générique

Réalisateur : Jean Durand
Auteur de l'oeuvre originale : J. Perez de Rozas
Adaptateur : Jean Durand
Société de production : Franco-Film
Interprètes : Charles Vanel (Angel Caal), Arlette Marchal (Suzanne Fleury), Alice Roberte (Mercédès), Harry Pilcer (Harry, le danseur mondain), Tony D'Algy (Mariona), Thérèse Kolb (la duègne), Jeanne Grumbach (la tante)