Voyage en Italie

Voyage en Italie Viaggio in Italia

Roberto Rossellini
Italie-France / 1953 / 88 min

Avec Ingrid Bergman, George Sanders, Maria Mauban.

En voyage à Naples, entre musées et visites archéologiques, un couple se délite progressivement, avant de se retrouver.

Dans les rues de Naples, la renaissance d'un amour à son crépuscule, écrite au jour le jour par Rossellini. Drame intime sur l'incommunicabilité et la force de l'attachement, Voyage en Italie raconte le flot d'une vie conjugale, rythmée par l'ennui et le manque de désir. De malentendus en doutes constants, l'absurdité des blessures morales contamine la relation de couple entre Katherine et Alexander, qui se fuient mais continuent à s'aimer. Une œuvre quasiment autobiographique, citée par Rivette et Truffaut comme l'exemple du « film moderne ».

Un couple d'Anglais se rend dans les environs de Naples pour régler un héritage familial. « A business trip », explique-t-il à des amis. « But a pleasure trip too », s'empresse-t-elle d'ajouter. Ce séjour, plongée intime dans leurs tourments conjugaux, ne sera ni l'un ni l'autre. Du roman Duo de Colette (1934), Rossellini ne garde que les conflits d'un couple : « Un grand nombre de mariages sont de véritables sociétés. L'épouse se charge des relations publiques, le mari des opérations économiques. En dehors de leurs devoirs quotidiens, ils ne savent pas quoi se dire », déclare le réalisateur. Il ajoute un troisième personnage, la culture et les paysages italiens, compose le film au jour le jour et intensifie les sentiments de solitude et de désarroi des deux acteurs principaux sur le tournage. Ingrid Bergman, enfermée dans son corps raide, et George Sanders, prisonnier de son cynisme britannique, semblent incapables de s'abandonner à la sensualité et à la lumière du sud. Les deux étrangers se confrontent à un monde fait pour les vivants mais aussi pour les disparus, où les statues, la terre fumante du Vésuve et les amants ensevelis de Pompéi semblent avoir leur propre vitalité. Le traitement documentaire des lieux, le relatif détachement de Rossellini, son refus du sentimentalisme, nous font épouser les mouvements secrets de leurs pensées – de la tentative d'un flirt à l'amertume, de la lâcheté à l'espoir –, avant qu'ils réalisent n'avoir jamais cherché à comprendre l'autre.

Florence Tissot


Générique

Réalisateur : Roberto Rossellini
Assistants réalisateurs : Marcello Di Laurino, Vladimiro Cecchi
Scénaristes : Roberto Rossellini, Vitaliano Brancati
Sociétés de production : Sveva Film (Roma), Junior Film, Francinex (Paris), Italia Film (Roma), Les Films Ariane (Paris), S.G.C. - Société Générale de Cinématographie
Producteurs : Roberto Rossellini, Alfredo Guarini, Adolfo Fossataro
Directeurs de production : Marcello D'Amico, Mimmo Del Papa
Distributeur d'origine : Gamma Film (Paris)
Directeur de la photographie : Vincenzo Serafin
Cadreur : Aldo Scavarda
Ingénieur du son : Eraldo Giordani
Compositeur de la musique originale : Renzo Rossellini
Interprète des chansons originales : Giacomo Rondinella
Décorateur : Piero Filippone
Costumier : Fernanda Gattinoni
Maquilleur : Manrico Spagnoli
Monteur : Jolanda Benvenuti
Script : Mary Alcaide
Photographe de plateau : Lorenzo Papi
Interprètes : Ingrid Bergman (Katherine Joyce), George Sanders (Alexander Joyce), Maria Mauban (Marie Rastelli), Tony La Penna (Tony Burton), Anna Proclemer (la prostituée), Natalia Ray-La Penna (Natalia Burton), Jackie Frost (Judy), Leslie Daniels (Leslie Harris), Paul Muller (Paul Dupont), Lila Rocco (Signora Sinibaldi), Bianca Maria Cerasoli (Signora Notari), Lucio Caracciolo (un invité chez le duc de Naples), Marcello Caracciolo (un invité chez le duc de Naples), Paolo Carola (un invité chez le duc de Naples)