Toute la mémoire du monde 2013

Du 3 au 8 décembre 2013

Toute la mémoire du monde

La deuxième édition de Toute la mémoire du monde a comme invité d'honneur William Friedkin. Nous sommes heureux et fiers d'accueillir l'auteur de Sorcerer (Le Convoi de la peur, le remake du film d'Henri-Georges Clouzot Le Salaire de la peur), qu'il viendra présenter dans une version restaurée. William Friedkin a accepté avec enthousiasme une carte blanche, choisissant cinq films qui font partie de sa cinéphilie intime, parmi lesquels Le Samouraï de Jean-Pierre Melville (restauré numériquement par Pathé), Sueurs froides de Hitchcock et Crimes et délits de Woody Allen.

L'autre invité de Toute la mémoire du monde est la Cineteca di Bologna, une des archives en Europe parmi les plus dynamiques et les plus modernes. Son directeur, Gian Luca Farinelli, présentera des films récemment restaurés dans le laboratoire L'Immagine Ritrovata. Entre autres, Paisà de Roberto Rossellini, ou Manille de Lino Brocka. À l'occasion du centenaire du cinéma indien, Toute la mémoire du monde rend hommage à une figure historique, Raj Kapoor, acteur et réalisateur.

Toute la mémoire du monde est aussi l'occasion de voir des films restaurés (par exemple, Fanny et Alexandre d'Ingmar Bergman, que vient de restaurer Gaumont), des œuvres du cinéma muet accompagnées musicalement, de parcourir en une quarantaine de séances des pans souvent peu connus de l'histoire du cinéma mondial. Notons également une nuit Fantômas, le 7 décembre (le film de Louis Feuillade sera accompagné à l'orgue). Et puis, au cœur du festival, la programmation de Shoah de Claude Lanzmann, récemment restauré numériquement à partir du négatif 16 mm, la projection étant précédée d'une conversation avec l'auteur.

Toute la mémoire du monde est un moment privilégié pour faire le point sur quelques grandes questions techniques qui préoccupent archives et cinémathèques, mais aussi les détenteurs de catalogues de films, petits et gros, ainsi que les éditeurs et diffuseurs de films anciens, sans oublier les laboratoires techniques qui sont évidemment concernés. Tables rondes, interventions de spécialistes, ateliers de formation permettront de débattre de questions liées au format et aux normes techniques, et surtout de la question essentielle de notre temps : comment conserver les données numériques ?

Cette année le festival s'élargit en s'associant, grâce au concours de l'Agence pour le Développement Régional du Cinéma (ADRC) et de l'Association Française des Cinémas d'Art et Essai (AFCAE) à une dizaine de salles à Paris, en région parisienne et dans des villes de province (Beauvais, Caen, Nancy, Nîmes ou Pessac...). Plus on est de fous...

Carte blanche à William Friedkin

Toute la mémoire du monde convie un grand cinéaste au cœur de la manifestation. À l'occasion de la restauration, par la Warner, de son film Sorcerer, remake exacerbé du Salaire de la peur d'Henri-Georges Clouzot, William Friedkin nous fait le plaisir d'être parmi nous pour une carte blanche de cinq films parmi lesquels Le Samouraï de Jean-Pierre Melville (restauré par Pathé). Il précisera pour le public les contours d'une œuvre résolument moderne, volontiers glacée et violente – celle d'un cinéaste qui n'aura cessé d'insuffler de l'intranquillité, de brouiller les frontières entre le bien et le mal en alliant précision documentaire et visions hallucinées.

Restaurations et incunables

Dans cette section, l'éclectisme est à nouveau de mise cette année. Nous présentons le résultat de deux années de travaux menés par Why Not Productions avec le concours de la directrice de la photographie Caroline Champetier pour restaurer numériquement Shoah de Claude Lanzmann à partir du négatif original 16 mm. Cette folle et radicale entreprise mémorielle qu'est Shoah avait évidemment toute sa place dans Toute la mémoire du monde. Autre projet hors normes, la restauration du premier film à épisodes de Louis Feuillade, Fantômas, entreprise par Gaumont Pathé Archives dans le but de préciser le récit en reprenant les intertitres. Une Nuit Fantômas rendra hommage au vénéneux « génie du mal ». Nous montrerons aussi le premier opus en couleurs de Yasujiro Ozu, Fleurs d'équinoxe. Immersion dépouillée au sein de la cellule familiale, le film livre une réflexion subtile et distancée sur le bonheur et l'impermanence des choses. En clôture, nous présenterons la reconstruction d'une production de la Triangle, un fonds de la Cinémathèque apprécié par Henri Langlois. The Half Breed d'Allan Dwan est un précoce plaidoyer pour la tolérance envers les Indiens. Il constitue une superbe immersion dans une nature américaine à la fois sensuelle et menaçante.

Hommage à la Cineteca di Bologna

Née il y a cinquante ans, la Cineteca di Bologna s'est hissée au rang des plus grandes archives internationales. Depuis les années 1980, elle réalise un extraordinaire travail de collecte du cinéma italien, celui des premiers temps ou celui des « dive » (les erratiques actrices Lyda Borelli, Francesca Bertini ou Pina Menichelli). Elle fut pionnière dans le domaine de la restauration en forgeant, dans les années 1990, les bases d'une réflexion théorique, ainsi qu'en fondant une école qui forma une génération de techniciens spécialisés dans le traitement en laboratoire des films anciens. Ces enthousiastes fondèrent vite le laboratoire de l'Immagine Ritrovata, aujourd'hui en pointe dans la restauration argentique et numérique. Son festival annuel, Il Cinema Ritrovato, aura ouvert la voie à bien d'autres. Récemment, la Cineteca s'est employée à restaurer l'œuvre de Luciano Emmer, Vittorio De Seta, Elio Petri ou encore Roberto Rossellini.

Couleurs du cinéma muet

Peinture, pochoirs, teintages, virages ou encore séquences en Technicolor font partie intégrante du cinéma muet. Pourtant, la couleur est longtemps restée occultée du fait notamment des duplications en noir et blanc des archives qui sauvent dans l'urgence le contenu narratif des œuvres. Depuis une vingtaine d'années, ces mêmes archives ont travaillé à revenir aux nitrates originaux et à mettre au point des techniques de reproductions adaptées. Ce programme se donne pour ambition de donner à voir de nombreux procédés, certains désormais bien connus, d'autres beaucoup moins tels le Biocolor des pionniers William et Claude Friese-Greene, ou le procédé Handschiegl mis au point par l'opérateur de Cecil B. DeMille. Très peu d'originaux en Handschiegl subsistent du fait du coût du procédé et de l'acidité de ses teintures.

Les Ailes
William A. Wellman , 1926
Ve 6 déc 21h15   HL
Bar Room Scene
William Kennedy, Laurie Dickson, William Heise , 1894
Les Cheveux d'or
Alfred Hitchcock , 1926
Sa 7 déc 14h00   HL
La Biche au bois
Edmond Floury , 1896
Loïe Fuller
Anonyme , 1905
La Peine du talion
Gaston Velle , 1906
Rêve d'art
Gaston Velle , 1910
La Mode à Paris
Anonyme , 1926
Rêves enfantins
Émile Cohl , 1910
La Fée aux fleurs
Gaston Velle , 1905
Di 8 déc 13h00   GF
The Open road
Claude Friese-Greene , 1925
Me 4 déc 19h00   GF
Le Troubadour
Segundo de Chomón , 1906
La Légende du fantôme
Segundo de Chomón , 1908
La Grenouille
Segundo de Chomón , 1907
La Fée aux pigeons
Gaston Velle , 1906
L'Ecrin du rajah
Gaston Velle , 1906
Physique diabolique
Segundo de Chomón , 1912
Le Spectre rouge
Segundo de Chomón , 1907
Sa 7 déc 13h00   GF

Raj Kapoor, le showman

À l'occasion du Centenaire du cinéma indien, nous rendons hommage à Raj Kapoor, avec le concours de l'Ambassade de l'Inde. À Bombay, Raj Kapoor fut l'un des géants du cinéma hindi à la période de l'Indépendance. Formé au sein du célèbre studio Bombay Talkies, fils d'un très grand acteur de théâtre indien, Prithviraj Kapoor, Raj Kapoor, comme d'autres acteurs à succès de sa génération, fonda son propre studio en 1947, à l'âge de 23 ans. Dans les années 1940 et 50, il réalise quatre films qui renouvellent en profondeur le cinéma hindi. Ses œuvres reprennent à leur compte les conventions de l'époque : chants, danses, durée hors norme et goût prononcé pour le mélodrame. Mais le cinéma de Kapoor cherche du côté des néo-réalistes, d'Orson Welles ou de Frank Capra, et parvient à fondre les formes de façon virtuose. Avec Awaara (Le Vagabond), Kapoor invente un personnage inspiré de Charlot. Il personnifie l'Inde des marginaux et les difficultés traversées par le pays. Le film connaîtra un immense succès.

Partenaires et remerciements

ADRC, AFCAE, Peter Agoos, Ambassade de l'Inde à Paris, Les Archives Françaises du Film, BFI National Film Archive, Carlotta Films, Cinémathèque Royale de Belgique, Cinémathèque Suisse, Catherine Cormon, FIAF, Fondazione Cineteca di Bologna, Gaumont, Gaumont Pathé Archives, Oliver Hanley, Inclinaisons, Laboratoire Arane, Eric Lange, Les Films d'Ici, William Friedkin, Marcia Franklin, Jacques Malthête, Paramount USA, Pathé Distribution, Jikta de Préval, Rouge Productions, San Francisco Silent Film Festival, Studio Allen, Tamasa, Théâtre du Temple, Warner Bros. USA, Why Not Productions.

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