Alexander Mackendrick

Du 15 au 28 février 2016

Alexander Mackendrick

C'est, avec Alfred Hitchcock, le plus américain des cinéastes anglais. Sa filmographie, qui ne compte qu'une dizaine de titres, est remarquable par son hétérogénéité tout autant que par la singularité d'un certain nombre de films débordant de leur catégorie (drame psychologique, film noir, comédie satirique, film d'aventures maritimes), pour atteindre une intensité toute particulière. N'aurait-il réalisé que The Ladykillers (Tueurs de dames), Sweet Smell of Success (Le Grand chantage) et A High Wind in Jamaica (Cyclone à la Jamaïque), qu'Alexander Mackendrick pourrait être considéré comme un très grand cinéaste.

Il est né à Boston le 8 décembre 1912. Élevé en Écosse par son grand-père à la suite de la mort de son père, il fréquente la Glasgow School of Art, avant de s'installer à Londres pour travailler dans la publicité. Il réalise ensuite des films de propagande durant la guerre, puis se lance dans le documentaire industriel. Whisky Galore (Whisky à gogo !), The Man in the White Suit (L'Homme au complet blanc, une satire sur les rapports entre syndicat et patronat) et The Ladykillers relèvent d'un genre très en vogue en Grande-Bretagne, une forme de comédie produite dans les studios Ealing durant les années 1940 et 1950. The Ladykillers, tout particulièrement, est une petite perle d'humour macabre. Au son de la musique de Mozart, une vieille dame vient involontairement à bout d'un gang de braqueurs de banques, parmi lesquels on compte les fabuleux Alec Guiness, Herbert Lom et Peter Sellers. Mandy (La Merveilleuse histoire de Mandy), réalisé en 1952, sera le poignant récit de l'apprentissage d'une enfant sourde et muette. C'est en 1955 qu'il revient aux États-Unis. Avec, en 1957, Sweet Smell of Success, écrit par Ernest Lehman et avec des dialogues de Clifford Odets, Mackendrick réussit une dénonciation sanglante des mœurs de la presse à sensation et de la publicité, milieu dont il avait une grande connaissance. Magnifié par la photographie de James Wong Howe et l'interprétation électrique de Burt Lancaster et Tony Curtis, Sweet Smell of Success transforme une vision impitoyable du pouvoir et de la corruption en formidable et violent film noir paranoïaque, lyrique et convulsif.

A High Wind in Jamaica, réalisé en 1965, est sans doute son chef-d'œuvre. En racontant l'histoire d'enfants de colons anglais capturés par des pirates, Alexander Mackendrick inverse toute vision manichéenne. A High Wind in Jamaica complique la relation entre enfance et âge adulte, sauvagerie et civilisation, une relation qui ne peut être dissociée des rapports de classes. Entre gamins de la bourgeoisie britannique et parias de la société, le combat était, il est vrai, inégal.

Jean-François Rauger

Partenaires et remerciements

British Film Institute National Archive, Flash Pictures, Swashbuckler Films, Tamasa Distribution, Warner Bros.

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TCM