L’Agence du court métrage dépose à la Cinémathèque des restaurations récentes

Hervé Pichard - 13 mai 2015

L’Agence du court métrage a numérisé et restauré plus de soixante-dix films de son catalogue. Partageant la même passion pour le cinéma et cet intérêt pour les formats courts, la Cinémathèque française a sollicité un dépôt de plusieurs courts métrages afin de conserver et valoriser ces restaurations et promouvoir le travail exemplaire mené par cette institution. Dans un premier temps, la Cinémathèque conservera huit courts métrages essentiels.

Depuis sa création en 1983, l’Agence du court métrage encourage la diffusion du court métrage en France. Elle occupe une place indispensable dans le paysage cinématographique grâce aux nombreuses actions qu’elle mène au sein des milieux professionnels, en particulier auprès des exploitants et des festivals. Elle est devenue, au fil du temps, un lieu unique d’échange d’information et de réflexion qui permet aux acteurs du court métrage, réalisateurs, producteurs et programmateurs entre autres, de trouver une aide et une place légitimes.

Depuis peu, lors de l’équipement numérique des salles, l’Agence du court s’est adaptée efficacement aux nouveaux supports de projection. En bénéficiant souvent de l’aide sélective à la numérisation des œuvres cinématographiques du patrimoine mise en place par le CNC, de nombreux courts métrages ont été numérisés et restaurés en 2K avec les outils et les moyens nécessaires, au même titre que les longs métrages. Ainsi, en accord avec les ayants-droits, des films relativement récents comme les classiques de la Nouvelle Vague peuvent être à nouveau projetés.

La projection de copies d’époque est aujourd’hui confrontée à leur état, car elles sont souvent fragiles et abîmées. La dégradation se faisant généralement en début et en fin de bobine, les courts métrages nécessitent une attention toute particulière. La Cinémathèque a proposé à l’Agence du court de lui confier des DCP afin de pouvoir continuer à montrer ces films dans ses murs mais aussi lors des programmations qu’elle organise en France et à l’étranger. Un premier fonds a été sollicité, huit courts métrages produits par les Films du Jeudi, société fondée en 1964 par Pierre Braunberger et aujourd’hui, dirigée par sa fille Laurence Braunberger avec qui nous avons mené plusieurs restaurations comme celles de Lola Montès de Max Ophuls, La Chienne et Partie de campagne de Jean Renoir. La liste des courts restaurés est particulièrement prestigieuse : L’Amour existe de Maurice Pialat, Le Chant du latex et Toute la mémoire du monde d’Alain Resnais, Les Veuves de quinze ans de Jean Rouch, Tous les garçons s’appellent Patrick de Jean-Luc Godard, Le Drame du taureau de Lucien Clergue, La Direction d’acteur par Jean Renoir de Gisèle Braunberger et A la mémoire du rock de François Reichenbach.

Cette collaboration entre les deux institutions devrait se poursuivre car de nombreux courts métrages restaurés, réalisés par des cinéastes reconnus seront, dans quelques décennies, nos classiques emblématiques, comme les films réalisés par François Ozon (qui connut un véritable succès grâce à ses courts métrages avec entre autres Une robe d’été), ceux de Cyril Collard (Alger la blanche et Grand huit), Mathieu Kassovitz (Cauchemar blanc et Fierrot le Pou, deux films drôles et cruels en noir et blanc qui annoncent La Haine, son premier long), Cédric Klapisch (Ce qui me meut et In Transit), Olivier Assayas (Laissé inachevé à Tokyo), Alain Guiraudie (Tout droit jusqu’au matin, produit par le G.R.E.C.), Laurent Cantet (Jeux de plage et Tous à la Manif).


Hervé Pichard est directeur des collections films à la Cinémathèque française.