Revue du web #10 : Fuller, Diabolik, Vilnius, Rocha et des chapeaux

3 janvier 2018

Samuel Fuller casté par Coppola, Diabolik dans tous ses états, Jonas Mekas qui parle d'Henri Langlois, la fin du chapeau d'Alain Delon... C'est la revue du web de janvier !

The Big One

Fuller Pierrot le fou

Commençons l'année avec le grand Samuel Fuller. Admiré par Scorsese, il fut également journaliste, scénariste, dessinateur politique, soldat et reporter de guerre. Il fit l'acteur pour Godard, Chabrol et surtout Wenders, et faillit l'être pour Coppola dans Le Parrain II dont il reste cette audition. « Un film est un champ de bataille : amour, haine, violence, action, mort, en un mot émotion ». Les présentations de Fuller à Belmondo dans Pierrot le Fou + un mode d'emploi, nous voilà parés pour débuter la rétro du plus audacieux des cinéastes américains.


Paulo Rocha

Paulo Rocha

Grand oublié de l'histoire du cinéma portugais et père du novo cinema, Paulo Rocha est mort discrètement il y a cinq ans, le 2 janvier 2013. Trois raisons d'entrer dans son œuvre inspirée par la Nouvelle Vague, le Néoréalisme et les films de Manœl de Oliveira. Et une sublime bande-annonce qui donne très envie. Rétro Paulo Rocha à la Cinémathèque à partir du 10 janvier. (Ne pas confondre avec l'acteur de telenovelas.)


Bis et BD

Diabolik Visuel 3

Vendredi 5 janvier, bande-dessinée au programme du cinéma bis avec un modèle du genre, le pop et culte Danger : Diabolik. La success story du fumetto italien créé par les sœurs Giussani à lire en français ou à voir ici en VO. Les fans iront sur le site dédié à la série dessinée ou prendront 20 minutes pour écouter le spécialiste Stephen Bissette (avec aussi John Phillip Law, Dino De Laurentis, Ennio Morricone et Adam Yauch des Beastie Boys) raconter l'adaptation de Diabolik au cinéma. Sorti la même année que Barbarella, le film de Mario Bava inspira CQ de Roman Coppola et tout récemment la BD de Clérisse et Smolderen, L'Été Diabolik.

Séance suivie du film de Christian-Jaque, Docteur Justice, d'après Raphaël Marcello et Jean Ollivier.


15 jours en Lituanie

Jonas Mekas

À partir du 15 janvier, direction Lituanie. De l'émergence d'un cinéma lituanien dans les années 1960 aux œuvres les plus récentes, ce sera l'occasion de voir une production surprenante et mal connue, mais aussi de rencontrer deux figures incontournables du cinéma moderne et contemporain.

Sharunas Bartas sera à la Cinémathèque les 15 et 19 janvier. Un avant-goût de son œuvre, marquée par la disparition quasi-complète de la parole, avec ce numéro de Tracks réalisé en 2016. À lire également cet entretien aux réponses laconiques terminant par un quiz cinéphile qui en dit presque plus long sur le cinéaste de Vilnius.

Un week-end en présence de Jonas Mekas (du 26 au 28 janvier) sera l'autre événement de la rétro. Exilé aux États-Unis en 1949, il filma sa visite au pays chez sa mère en 1977. L'inventeur du journal autobiographique filmé fut aussi témoin de la jungle artistique new-yorkaise des années 60 (qu'il racontait ici il y a un an), saisit la première apparition publique du Velvet Underground et reçut peut-être le dernier message filmé de Lou Reed


La curiosité

La Nuit où j'ai nagé

La Nuit où j'ai nagé de Damien Manivel et Kohei Igarashi. Dans les montagnes enneigées du Japon, suivons les traces d'un petit garçon, fils de poissonnier, en route pour une aventure buissonnière. Séance lundi 29 janvier à 19h30 suivie d'une discussion avec Damien Manivel. Bande-annonce. (Avant-première reportée au lundi 12 mars à 19h30)


En vrac

  • Anthology of the plot, un documentaire sur l'un des bars paraît-il "les plus incroyables du monde", fermé en 2010 : le Suokalbis à Vilnius.

  • Une série réalisée par Jonas Mekas qui a pour but de « faire connaître sa filmo aux jeunes générations », The First 40 ou une grande partie de son œuvre revisitée pour le web.

  • Anecdotes et photos rares d'icônes des 60's compilées par le jeune homme de 94 ans, Jonas Mekas : A Dance with Fred Astaire.


Dans le jukebox

Danger : Diabolik version Beastie Boys


La confidence

Jonas Mekas à propos d'Henri Langlois, fondateur de la Cinémathèque française :

« En 1971, j'ai organisé à la Film-Makers' Cinematheque une rétrospective complète consacrée au cinéaste Jean Epstein. Langlois lui-même a apporté les films et présenté l'événement. Les New-Yorkais avaient là une rare occasion de voir l'œuvre de l'un des grands maîtres du cinéma. Nous avons donc vu les films, puis les avons réexpédiés à Langlois. Mais trois ans plus tard, j'ai décidé de reprogrammer deux d'entre eux. Je lui ai envoyé un message en ce sens lui demandant les copies. J'ai alors reçu un coup de téléphone de Langlois en personne. Il était furieux en me parlant : "Bande d'idiots, vous aviez tous ces films que je vous avais apportés, et vous n'en avez même pas effectué de copies !" J'étais accablé. Nous étions là, P. Adams Sitney et moi, deux innocents s'évertuant à être corrects et honnêtes, et voilà Henri, ce grand amoureux du cinéma, qui nous houspille et donne paternellement ce conseil : volez les films que vous aimez ! »


Dans les cartons de la Cinémathèque

Borsalino

Dessin de costume signé Jacques Fonteray pour Alain Delon dans Borsalino de Jacques Deray.

Hommage au célèbre couvre-chef du chapelier italien qui a aussi coiffé les têtes de Jean-Paul Belmondo, Marcello Mastroianni ou Humphrey Bogart. Borsalino est aujourd'hui en situation de faillite. La fin d'un mythe ?