La revue du web #7 : spéciale Goscinny

3 octobre 2017

Quelques trouvailles dénichées sur le web pour accompagner l'expo et la programmation Goscinny qui débutent mercredi 4 octobre à la Cinémathèque française.

Le Petit Nicolas

Pour une vraie histoire des films

Pour accompagner la sortie de Génériques : la vraie histoire des films, recueil de textes initialement écrits pour les éditions DVD et Blu-ray de Wild Side, Philippe Garnier propose une programmation en apparence disparate, mais en réalité conduite par une même détermination : raconter les coulisses des films, souvent plus extravagantes que leur générique ne veut bien le laisser entrevoir. Aussi, dans cette autre histoire du cinéma américain, croisera-t-on Fritz Lang (et son bien nommé Secret derrière la porte), Preston Sturges (Madame et ses flirts), Jules Dassin (La Cité sans voiles) ou Richard C. Sarafian (Le Convoi sauvage). Mais une fois n'est pas coutume, les réalisateurs ne prendront pas toute la lumière. Garnier, qui présentera chacune des séances, préférera tourner son projecteur vers les acteurs de l'ombre, les producteurs baroques (Edward Small, le plus grand des petits moguls, Charles K. Feldman et ses lubies), les scénaristes en roue libre, les guéguerres de plateau, les scènes coupées au montage ou les stratagèmes plus ou moins glorieux de promotion de films, qui sont tous depuis rentrés dans l'histoire.

Carte blanche à Philippe Garnier, en sa présence

Slava Ukraïni !

Ciné-concert, projections, avant-premières et rencontres : trois jours, sept séances spéciales en solidarité avec l'Ukraine, à la Cinémathèque française. Immense succès à sa sortie malgré la censure soviétique, La Terre, chef-d'œuvre du cinéma ukrainen signé Oleksandr Dovjenko en 1930, inaugurera le week-end, porté par l'accompagnement musical de Mariana Sadovska. Suivront six séances d'œuvres contemporaines et urgentes, entre fiction et documentaire. Enfin de nombreux cinéastes, parmi lesquels Sergueï Loznitsa, Igor Minaev, Mila Zhluktenko, Hanna Bilobrova et Maksym Nakonechnyi, seront à la Cinémathèque, ou en visioconférence, pour présenter leurs films.

L'actrice Rita Burkovska et de nombreux cinéastes, parmi lesquels Serguei Loznitsa, Igor Minaev, Maksym Nakonechnyi et Oleg Sentsov, seront à la Cinémathèque française, ou en visioconférence, pour présenter leurs films.

Emmanuel Mouret

Cinéaste du sentiment amoureux, il brode des histoires de filles et de garçons avec un esprit badin. Depuis son court métrage Promène-toi donc tout nu !, Emmanuel Mouret, né à Marseille, passé par le Conservatoire et la Femis, s'est tranquillement fait une place au soleil, interprétant souvent lui-même le premier rôle de ses fables surannées et loufoques (Changement d'adresse, Fais-moi plaisir !). Son personnage de grand candide, lettré et maladroit, ne cesse de s'interroger sur le désir et ses incertitudes. Hésitations, quiproquos et imbroglios font le bonheur de ses intrigues, simples comme des baisers, se compliquant au moindre tracas du cœur (L'Art d'aimer, Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait). Amoureuses ou complices, piquantes et séduisantes, ce sont le plus souvent les filles qui mènent la danse. Lucie, Câline, Caprice, Vénus et Fleur, cousines rohmériennes assumées, exposent leurs idées et leurs sentiments avec amusement et lucidité. Dialogues ciselés, drôles et cruels, ces variations sur le même thème ont, depuis vingt-cinq ans, fait entrer Emmanuel Mouret, non loin de Sacha Guitry et de Woody Allen, au temple du bon mot et du marivaudage.

En sa présence - Avant-première de Chronique d’une liaison passagère, leçon de cinéma et présentations de séances

Sophie Marceau

Elle fut l'ado préférée des Français, jeune Vic débutante révélée par Claude Pinoteau dans le diptyque de La Boum, au mitan des années 1980. Un César plus tard, elle poursuit avec Fort Saganne, superproduction hexagonale au casting ad hoc, avant de faire la rencontre d'Andrzej Żuławski, dont elle devient la compagne et la muse ; ensemble, ils feront quatre films, de L'Amour braque (1985) à La Fidélité (2000). Comédienne populaire et très demandée, elle tourne pour Maurice Pialat (Police, 1985), Philippe de Broca (Chouans !, 1988) ou encore Bertrand Tavernier (La Fille de D'Artagnan, 1994), avant une incursion outre-Atlantique. Braveheart, réalisé et interprété par Mel Gibson, lui apporte une reconnaissance internationale, qu'elle assoit davantage encore en jouant les James Bond Girls aux côtés de Pierce Brosnan (Le monde ne suffit pas,1999). Si elle passe aussi parfois derrière la caméra (Parlez-moi d'amour, salué au festival de Montréal, La Disparue de Deauville, et Mme Mills, une voisine si parfaite), l'actrice traverse le miroir avec LOL (2009) de Lisa Azuelos, dans lequel elle incarne la mère d'une ado en crise. Comédies populaires, ou films plus intimistes – le bouleversant Tout s'est bien passé de François Ozon (2021) ou encore Une femme de notre temps de Jean-Paul Civeyrac (2022) – jalonnent une filmographie éclectique dont les marqueurs constants, joie et dynamisme, maintiennent auprès du public français une cote d'amour toujours au sommet.

En sa présence - Dialogue et présentatio de séances

Mia Hansen-Løve

Critique aux Cahiers du cinéma puis actrice chez Olivier Assayas (Fin août, début septembre), Mia Hansen-Løve impose un ton unique dès ses premiers pas de réalisatrice avec Tout est pardonné (2007), qui pose les fondations de l'œuvre à venir, mélancolique et lumineuse. Ses « romans » d'émancipation, chuchotés, intimistes, gagnent en ampleur romanesque au fil de récits savamment écrits et affranchis de toute frontière (la France, mais aussi l'Inde, la Suède, New York, Copenhague ou l'Amérique du sud), pour atteindre une forme d'universel. Son art de la mise en scène, modèle de ligne claire, a souvent été rapproché de celui d'Éric Rohmer ou de François Truffaut, mais la filiation est trop réductrice, qui ne dit pas ce que son cinéma, son sens du casting ou de la bande originale (le formidable Eden), ont de contemporain. Les festivals du monde entier ont salué la plupart de ses films – dont L'Avenir, Ours d'argent de la meilleure réalisatrice à Berlin et Un beau matin, sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs 2022, que nous présenterons en avant-première.

En sa présence - Avant-première d'Un beau matin, leçon de cinéma et présentations de séances

Exposition Top secret : cinéma et espionnage

Passés maîtres dans l’art du faux-semblant, sujets de fascination pour leur génie du simulacre, les espions nourrissent depuis toujours l’imaginaire des plus grands artistes, qui voient dans leur figure romanesque le moteur d’une irrépressible machine à fiction. Que ce soit à Hollywood, en Europe ou en Asie, les cinéastes du monde entier ont ainsi pris le pouls de l’Histoire à travers des récits mêlant suspens, mensonges et ingéniosité technologique.

L’exposition célébre ainsi des héros universels, James Bond, Malotru, Mata Hari et Jason Bourne, mais aussi les figures intrépides de Marlene Dietrich et Hedy Lamarr qui, le temps d’un conflit, furent des actrices majeures du renseignement antinazi. Affiches rares, accessoires et gadgets, photographies, abondants extraits, œuvres d’art et costumes, réunis pour une histoire à la fois ludique et érudite de l’espionnage au cinéma.

L’événement est accompagné d’une programmation éclectique sur six mois, composée de classiques du cinéma d’espionnage signés Alfred Hitchcock, Eric Rochant, Fritz Lang, John Huston Arnaud Desplechin ou Tony Scott, de diverses rencontres et conférences, ainsi que des soirées Bis, reflets des représentations de l’agent secret de par le monde.

Akira Kurosawa

Il traverse cinquante ans de l'histoire du cinéma en maître absolu. Surnommé « L'Empereur » par ses pairs, il est celui qui popularise le cinéma japonais en Occident, avec une trentaine de films et autant de joyaux, qu'il scénarise, storyboarde, monte et produit également. Il fait ses classes comme assistant-réalisateur sous l'aile de Kajirô Yamamoto, et passe à la mise en scène avec La Légende du grand judo (1943). Après une série de polars noirs expressionnistes (Chien enragé, Entre le ciel et l'enfer), Rashômon (1950) et son audace narrative marquent sa rencontre avec Toshirô Mifune, et le début de sa renommée internationale (un Oscar et le Lion d'or à Venise). Épopées historiques qui racontent le Japon féodal et sa violence (La Forteresse cachée, Les Sept Samouraïs ou encore Kagemusha, Palme d'or 1980), drames sociaux (Dodes'kaden), odes à la nature (Dersou Ouzala), variations sur les relations maître-disciple (Barberousse) ou adaptations de monuments littéraires (Dostoïevski et L'Idiot ou Shakespeare avec Le Château de l'araignée et Ran), ses films sont des diamants sertis d'humour noir ou d'une poésie onirique unique et universelle. Il se retire avec trois derniers titres très personnels et testamentaires, Rêves, Rhapsodie en Août, et Madadayo, qui s'achève par les mots « Je ne suis pas prêt ». Par touches délicates, il n'aura jamais cessé de construire une œuvre profondément humaniste, dont l'influence capitale, des westerns de Sergio Leone à Ingmar Bergman, de Scorsese à George Lucas, n'a toujours pas fini d'essaimer.

Billetterie en ligne

Ouverture de la billetterie le 21 septembre 2022
Réservation fortement conseillée le week-end