Le Corbeau : histoire d'un chef-d'œuvre mal aimé du cinéma français

Pierre Billard - 5 juillet 1999

Le Corbeau d'Henri-Georges Clouzot est l'objet d'un scandale à sa sortie en 1944. De la genèse au succès du film, de son interdiction à sa réhabilitation, Pierre Billard raconte les mésaventures de cette œuvre majeure du cinéma français des années 40.

Pierre Fresnay dans Le Corbeau d'Henri-Georges Clouzot

Chronologie des événements

1917-1922 : une vague de lettres anonymes empoisonne la ville de Tulle.
1935-1937 : un scénario de Louis Chavance adapte l'affaire.
1943 : dans la France occupée, Henri-Georges Clouzot, à partir de ce scénario, réalise Le Corbeau, produit par la Continental.
1945-1947 : Le Corbeau est interdit et Clouzot suspendu par les instances d'épuration du cinéma.

L'affaire de Tulle

Lundi 10 mai 1943, Henri-Georges Clouzot donne le premier tour de manivelle du film Le Corbeau à Montfort-L'Amaury, paisible bourgade de la France occupée. Dimanche 23 mai 1943, sur le gazon de l'Ashdown Park, dans la banlieue londonienne, Maurice Druon et Joseph Kessel composent ensemble un poème et déjà on peut lire la première strophe : « Ami, entends-tu / le vol noir des corbeaux / Sur nos plaines? Ami, entends-tu / Les cris sourds du pays / qu'on enchaîne?... » Qu'ont donc en commun le corbeau du cinéma et ceux du Chant des Partisans ? Pas grand chose en effet. Sauf que 18 mois plus tard, ils vont (symboliquement) s'opposer dans un conflit absurde : l'affaire du Corbeau. Pour en retracer l'histoire, il faut recourir à plusieurs flash-backs. En mai 1941, une nouvelle pièce de Jean Cocteau est à l'affiche du théâtre Hébertot. Alain Laubreaux, critique du journal collabo Je Suis Partout déclenche une campagne ignoble contre Cocteau, la pièce (qu'il n'a pas vue), et son interprète Jean Marais. Celui-ci ayant rencontré le critique lui inflige une correction. La pièce est interdite.

L'incident fait grand bruit. François Truffaut a pérénisé son souvenir en l'évoquant dans un épisode du Dernier Métro. On a, par contre, souvent oublié quelle pièce était en cause, à savoir La Machine à écrire, basée sur une affaire de lettres anonymes. Fin 1940, de retour dans Paris occupé, Jean Cocteau, rencontrant Henri-Georges Clouzot, lui confia : « deux sujets de films m'intéresseraient : Tristan et Yseult et l'affaire de Tulle » (dossier célèbre de folie anonymographique). À quoi Clouzot objecta que les Allemands interdiraient tout sujet sur les lettres anonymes (abondamment utilisées alors par les dénonciateurs de tout poil) et n'aideraient jamais un film français sur un thème de culture germanique, comme Tristan. En 1941, l'aventure de La Machine à écrire fournissait une première réponse ambiguë : on pouvait écrire une pièce sur les lettres anonymes, et même la jouer... quelques jours. La marge de liberté était infime. Par contre, en 1943, le pronostic de Clouzot s'avérait erroné puisqu'à un mois de distance sortaient à Paris deux films importants, destinés à un grand succès : L'Éternel retour écrit et supervisé par Jean Cocteau, sur le thème de Tristan et Yseult, (réalisation Jean Delannoy) et Le Corbeau inspiré à Clouzot par l'affaire de Tulle. Celle-ci débute en décembre 1917 par des lettres anonymes à des habitants de Tulle, plus spécialement à des fonctionnaires appartenant notamment à la préfecture. Ces lettres, signées « L'Œil de Tigre » évoquent d'anciennes tares familiales, trafics illicites, dévoilent infidélités conjugales, bâtardisent des enfants, mélangeant calomnies et révélations. Cette campagne de médisance engendre d'abord un climat à la Clochemerle mais se prolonge et tourne au drame, quand un greffier, informé que sa femme serait « l'Œil de Tigre », devient fou et meurt à l'asile. Une instruction est ouverte.

En 1922, elle aboutit à la condamnation d'une ancienne employée de la préfecture, Angèle Laval, qui en quatre ans, avec la complicité de sa mère, et de sa tante, avait écrit et diffusé plus de 1000 lettres. Sa culpabilité sera prouvée à l'issue d'une interminable dictée, au cours de laquelle toutes ses défenses craqueront. Cette épreuve est organisée par un expert graphologue, Edmond Locard, médecin et juriste, directeur du laboratoire de police technique de Lyon, qui fera sur cette affaire des études publiées par la presse médicale.

La scène de la dictée

Un scénario « dangereux »

Dix ans plus tard, de nouvelles affaires de lettres anonymes, à Toulon notamment, éveillent l'attention d'un jeune monteur cinéphile, Louis Chavance, « écrivain de cinéma », qui collabore à des revues et propose des scénarios. En 1932, il a 26 ans et fait connaissance de Jean Vigo : il sera le monteur de L'Atalante. Les nouvelles affaires de lettres anonymes lui donnent l'idée d'un scénario, déposé le 27 novembre 1937 à la Société des Auteurs sous le titre L'Œil de Serpent, nouvelle signature du héros anonymographe. Chavance devra attendre les années quarante pour être reconnu comme scénariste, avec La Nuit Fantastique (L'herbier, 1941) Dernier atout (Becker, 1942) et Le Baron Fantôme (de Poligny, 1942). À cette époque, il fait lire L'Œil de Serpent à Clouzot, qui s'était déjà intéressé à l'affaire de Tulle et décide très vite de le tourner. Clouzot a le même âge que Chavance, 36 ans, et depuis 12 ans, comme assistant, adaptateur, dialoguiste, superviseur, vit aux frontières de la mise en scène. La Continental, société de production allemande, créée après l'armistice en France, a pour patron Alfred Greven, un ancien responsable de la UFA qui a connu Clouzot à Berlin, du temps des films en double version, française et allemande. Il lui commande quelques travaux (adaptation du Dernier des Six et Des inconnus dans la maison). Devenu chef du département scénario, Clouzot accède à la réalisation, avec L'Assassin habite au 21. Le succès du film renforce le crédit du nouveau metteur en scène : il propose Le Corbeau ou plutôt l'impose, car l'opposition est vive. « Je dois dire que Bauermeister, le directeur de production, trouvait que c'était un sujet trop violent et trop dur. Je me suis bagarré avec Greven qui me disait : « C'est un film extrêmement dangereux ». Mais je tenais à le faire... Il m'a dit « Bon, vous en prenez la responsabilité, faites-le ! » » devait déclarer plus tard Clouzot, lors de son passage devant le Comité d'Épuration du Cinéma, après la Libération.

Le scénario est largement développé et remodelé par Clouzot et Chavance. Il s'agit toujours d'une vague de lettres anonymes, qui met une petite ville en ébullition, avec, comme meneur de jeu, un médecin qui, première cible des lettres, mène sa propre enquête pour délivrer du soupçon lui-même et ceux qu'il aime. Mais les transformations du script sont nombreuses. Le docteur est plus âgé, avec une vie chargée de drames et d'épreuves. Homme sans femme, expérimenté et déboussolé, agressif et généreux, il cherche les repères d'une nouvelle vie.

Chaque personnage est le siège de conflits, de remords, de désirs inavoués, mais aussi de pureté, et de courage : Denise, la voluptueuse boiteuse, qui se donne pour oublier son infirmité ; Laura, l'assistante sociale dévouée qui déclenche le cyclone ; Vorzet (évocation pittoresque du Docteur Locard) qui explique trop bien la folie des autres ; Marie, l'infirmière refoulée ; Rolande et sa puberté racoleuse ; d'autres encore, cernés jusqu'aux tréfonds de leur ego. La subtilité de cette construction psychologique constitue la véritable arme d'un scénario équipé par ailleurs d'une formidable machinerie dramatique.

Henri-Georges Clouzot

Le style Clouzot

La mise en scène développe largement les potentialités d'un tel canevas. Dès le début du film, la présence perverse de la petite Rolande, qui joue à la balle en agitant des seins naissants, le vol noir de Marie Corbin, l'infirmière à la grande cape, l'ambivalence sociale et morale de Vorzet, infatigable marieur des contraires, la rigueur fissurée du Docteur Germain, servie par la raideur protestante de Pierre Fresnay, déclenchent une sorte d'envoûtement esthétique. Jeux de lumière, cadrage d'images, ajoutent leur poison aux ambiguïtés des personnages, leur férocité à la violence des situations. Depuis près de dix ans, l'excellence du cinéma français relevait du « réalisme poétique ». Clouzot invente une autre approche artistique du réel, une vérité sans pathos, une sorte d'expressionnisme naturaliste, qui se souvient de Stroheim et de Pabst, et qui préfigure le « cinéma noir » des années cinquante. Une mutation esthétique qu'exprime ce simple constat du cinéaste : « il se trouve simplement que je préfère au gris terne le noir éclatant. » Pour sa seconde mise en scène et le premier film où il jouisse de sa liberté de création, Clouzot se révèle un véritable « auteur de cinéma », comme on le définira quinze ans plus tard, imprimant à son film un ton, une coloration, un style, qui constituent sa marque.

Le Corbeau consacre la naissance d'un grand cinéaste français. Un cinéaste inconfortable. Le tournage se passe dans les drames et les conflits. Fresnay se souvient d'un malaise permanent. Clouzot, déjà, exploite les tensions pour donner la fièvre à ses images. Il se passerait bien toutefois des difficultés avec la production dont l'inquiétude croit au fur et à mesure que le film avance. Le bureau de presse de la Continental prépare néanmoins une importante campagne publicitaire sur le thème « La honte du siècle : les lettres anonymes ». Informées, les Kommandanturs de province alertent les autorités parisiennes : comment dénoncer une pratique si utile pour la chasse aux juifs et aux résistants ? La Gestapo interdit le matériel publicitaire. La UFA, de son côté, décide de ne pas distribuer Le Corbeau en Allemagne, ni d'ailleurs les autres films produits par la Continental. Les rapports entre Clouzot et Greven se sont complètement dégradés. Au moment où sort son film, le metteur en scène part en claquant la porte. Fin 1943, il commence à travailler avec Jean-Paul Sartre sur une adaptation de Chambre obscure de Nabokov. Il lui faudra attendre quatre ans pour tourner son prochain film. « L'affaire du Corbeau entre dans sa phase brûlante.

« Le Corbeau » dans la France occupée

La sortie du film est paisible. La critique, dans son ensemble, perçoit une recherche formelle, l'affirmation d'une personnalité, mais rechigne devant la noirceur de cet univers et sa sécheresse. Audiberti, dans Cœmedia proclame : « Le Corbeau est un assez formidable chef-d'œuvre. Il faut bien le reconnaître, c'est jeté ! » Mais on sent guère de conviction dans les cinq colonnes plus bavardes qu'enthousiastes qu'il consacre au film. Le public, lui, marche à fond. En dépit de la Cote Morale de la Centrale Catholique (« À proscrire »), le film fait recette. Un premier signal d'alarme se déclenche quand paraît en octobre dans un hebdomadaire publié à Lyon un bref entrefilet signalant, avec un humour ambigu, que Le Corbeau connaît en Allemagne une belle diffusion sous le titre Une petite ville française. La rumeur se répand peu après que dans toute l'Europe occupée, le film est distribué sous ce titre pour dénoncer les tares de la nation française.

Il faut attendre mars 1944 pour que l'offensive anti-corbeau se dévoile. Paraît alors le numéro 14 des Lettres françaises, organe clandestin du Comité National des Écrivains, qui, à partir de cette date, intègre L'Écran Français, organe clandestin du Comité de Libération du Cinéma Français. Le principal article de ce premier numéro de L'Écran Français, sous le titre « Le Corbeau est déplumé » compare le film de Clouzot au film de Grémillon Le Ciel est à vous, pour mieux dénoncer l'abjection du premier. Clouzot et Chavance sont accusés de montrer que « les habitants de nos petites villes ne sont plus que des dégénérés, mûrs pour l'esclavage ». L'article poursuit : « Aux estropiés, aux amoraux, aux corrompus qui déshonorent, dans Le Corbeau une de nos villes de province, Le Ciel est à vous oppose des personnages pleins de sève française, de courage authentique, de santé morale, où nous retrouvons une vérité nationale qui ne veut et ne peut pas mourir. » Aux sales petites filles, nées vicieuses et fourbes, que l'imagination asservie de M. Clouzot a fabriquées, comme sur un ordre nazi, il a répondu : « Non ! Vous êtes des faux ! Les vrais petits Français c'est moi qui vous les montre. Au pied bot et à la putasserie de l'héroïne, il réplique par une jeune mère de France, modeste et forte, qui accomplit sans grandiloquence tous ses devoirs... » Paradoxalement, le plaidoyer ici est aussi inquiétant que le réquisitoire puisqu'il décrit l'admirable film de Grémillon comme le prototype même du film vichyssois. Publié dans l'organe de la Résistance du Cinéma, écrit (on le saura bientôt) par Georges Adam et Pierre Blanchard, qui est le président du Comité de Libération du Cinéma, cette condamnation sans appel pèsera sur la suite des événements. Nous sommes à trois mois du débarquement, à cinq mois de la Libération de Paris.

Le Corbeau (Clouzot)

Dans le grand tumulte qui va s'en suivre, les comptes se règlent dans la confusion. Pour Clouzot et Le Corbeau, L'Écran Français a déjà instruit leur procès et prononcé la sentence... En septembre 1944, le Comité de Libération du Cinéma suspend huit cinéastes dont sept (et parmi eux Clouzot) ont travaillé pour la Continental. Mais si avoir travaillé pour la Continental est une faute qui doit être sanctionnée (hypothèse plausible), pourquoi suspendre sept cinéastes, alors que quatorze ont tourné pour cette société ? Clouzot et Christian-Jaque ont chacun réalisé deux films pour la Continental : Clouzot sera le cinéaste le plus durement condamné et Christian-Jaque figure parmi les épurateurs ! Fréquentes, de telles incohérences discréditent une justice circonstancielle qui tente de gérer le retour aux institutions nationales légitimes.

Un courant de protestation se développe contre ces bavures. Des résistants viennent témoigner de l'aide que leur a apportée Clouzot. L'interdiction du film Le Corbeau, prononcée en octobre, rencontre une sévère opposition. Une première pétition, initiée par Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Michel Leiris, Pierre Bost, Claude Vermorel, Michel Vitold, s'indigne de l'accusation de propagande anti-française portée contre le film. Une autre pétition rassemble des cinéastes : Claude Autant-Lara, Marcel Carné, René Clair, Jacques Becker. On produit la preuve que Le Corbeau n'a jamais été distribué ailleurs qu'en France, Belgique et Suisse et jamais sous le titre Une petite ville française. On retrouve le résumé du synopsis remis à la presse au moment de la sortie du film et qui commence par cette phrase : « Une petite sous-préfecture un peu mesquine, un peu cancanière, mais infiniment paisible comme toute petite ville de province, dans tous les pays du monde. » Où se glisse la propagande anti-française dans un tel contexte ? Si beaucoup de personnages du film ne sont pas reluisants, que dire de ceux du film allemand Crépuscule, distribué en France à la même époque, critique terrible du modèle familial germanique ? Que dire de la rapacité régnant sur La Vipère, film américain que les Français découvrent alors ? Film de propagande anti-allemand ? Anti-américain ? Personne n'y a même songé.

« Le Corbeau » réhabilité

Au fur et à mesure que le temps passe, l'absurdité du double interdit, portant sur le film et sur son auteur est de plus en plus manifeste. Il devient clair que Le Corbeau fait office de bouc-émissaire. Les intervenants communistes, L'Humanité, Les Lettres françaises, Georges Sadoul, restent inébranlables en 1945, puis en 1946, et jusqu'en 1947, tandis que les appels à l'amnistie se multiplient. En décembre 1945, Sadoul en était encore à définir Le Corbeau comme un film « financé par Gœbbels qui consentit à représenter la France comme une nation pourrie, dégénérée, petite bourgeoise, vicieuse et décadente, en concordance avec les assertions de Mein Kampf ». Finalement, en 1947, Henri-Georges Clouzot est autorisé à reprendre le travail. Il tourne vite Quai des Orfèvres qui est sélectionné pour le Festival de Venise. La France va-t-elle envoyer à Venise un cinéaste dont le chef-d'œuvre demeure interdit ? Précipitamment, l'interdiction du Corbeau est levée, au moment même où Clouzot remporte sur la lagune le Prix de la mise en scène. La presse célèbre l'événement. À l'exception de L'Humanité qui titre « L'Aigle hitlérien sous le plumage du corbeau » et n'hésite pas à écrire, entre autres injures, trois ans après que la fausseté de ces allégations aient été établie : « Rappelons que ce film a été projeté dans tous les pays d'Europe occupés sous le titre « Une petite ville française ».

Claude Mauriac, la même semaine (septembre 1947) clame dans Le Figaro Littéraire : « la beauté et l'honneur du Corbeau : Clouzot et Chavance s'inscrivent dans une longue tradition de moralistes dont la cruauté apparente est née d'une pathétique exigence de lucidité et qui ont servi la France pour cela seulement qu'ils mettaient leur génie ou leurs dons au service de l'homme ». Les persécutions abusives dont ont été passagèrement victimes Clouzot et son Corbeau découlent du formidable désordre des idées, des institutions, par les événements considérables de l'époque. Mais c'est ce désordre aussi qui a permis au Corbeau d'exister. Le film n'aurait jamais obtenu de visa de censure sous la IIIème République ni sous la IVème. Il n'aurait jamais obtenu l'autorisation de tournage des autorités vichyssoises ni des autorités allemandes. Seule la Continental qui détestait le film et l'accepta à contrecœur, pouvait lui donner vie, grâce à l'indépendance administrative que lui fournissait son statut de société allemande. Paradoxalement, la seule chance qu'un Corbeau figure au palmarès du cinéma français, c'était sans doute qu'il soit produit par la Continental.

Le Corbeau (Clouzot)

Quant à l'obstination des adversaires du film, elle est d'abord évidemment d'ordre politique. Mais pas seulement. Comme l'église catholique, le parti communiste, adepte d'une pudibonderie doctrinale, avait vu le diable dans Le Corbeau. Avec juste raison. Car le thème principal du film, ce ne sont pas les lettres anonymes, qui ne sont que les instruments de l'action, mais le sexe. Hanté par la mort de sa femme et de son enfant au cours d'un accouchement, Germain surveille toute manifestation de procréation. Solitaire résolu, c'est son désir de Denise qui le réintroduit dans la communauté. Coupée du monde par son infirmité, Denise rétablit le lien en mettant les hommes dans son lit. Laura est en peine d'amour, depuis que son mari est impuissant. Marie a des obsessions de vieille fille et Rolande apprend à maîtriser les armes de la séduction. C'est une des victoires majeures du réalisateur d'avoir mis au centre de son film un thème complexe si délicatement traité qu'il est à la fois omniprésent et jamais énoncé. Le Corbeau n'a pas livré tous ses secrets. L'affaire du Corbeau continue...


Pierre Billard est journaliste français, critique et historien du cinéma.