10 grands films tournés à Rome

15 juin 2017

Avec son patrimoine et son histoire propices aux rêveries et aux fantasmes, Rome a de tout temps inspiré les cinéastes. Qu'elle soit populaire, militante, exubérante, baroque, désertée, mélancolique ou touristique, la capitale italienne comme décor des plus grands films.

Rome et Nanni Moretti (Journal intime)

Rome ville ouverte

Roberto Rossellini (1945)

Le film s'ouvre et se ferme sur une vue du dôme de la Basilique Saint-Pierre, prise d'abord du haut de la Trinité-des-Monts, puis de l'autre côté du Tibre, Via Trionfale. Avec Rome ville ouverte, réalisé en 1945, deux mois après la libération de la capitale, Rossellini ouvre la voie au Néoréalisme. Il quitte les studios de Cinecittà, en partie détruits pendant la guerre, et plante sa caméra dans les rues de Rome. Il filme au plus près le quotidien de ses habitants, au milieu des décombres encore fumants, conférant à son œuvre un caractère documentaire. La scène de la mort de Pina (Anna Magnani) est tournée via Montecuccoli, dans le quartier du Pigneto, non loin des rues d'Accattone que Pasolini tournera quinze ans plus tard.

Le voleur de bicyclette

Vittorio De Sica (1947)

Rome, après-guerre. Antonio Ricci et son fils se perdent dans un dédale de rues à la recherche du voleur de bicyclette. Sans elle, il ne peut travailler. Film emblématique du Néoréalisme, toutes les scènes extérieures sont tournées dans la ville. Les acteurs non professionnels, comme Lamberto Maggiorani, sont au chômage dans la vraie vie. De Sica filme la vie des Romains des faubourgs populaires, la misère et la détresse, dans une Rome ressemblant à un vaste labyrinthe aux recoins obscurs et souterrains.

Vacances romaines

William Wyler (1954)

Eté 1952. C'est la toute première fois qu'un tournage hollywoodien a lieu intégralement à l'étranger. William Wyler tourne à Cinecittà et dans les rues de la capitale italienne, une Rome en noir et blanc, en plein âge d'or du Technicolor. Ce choix sublime la ville et ses monuments, tout en évitant l'aspect carte postale. À toute berzingue sur leur Vespa, Audrey Hebpurn et Gregory Peck glissent, avec élégance, du Colisée au château Saint-Ange, de la Piazza Venezia à la Bocca della Verità, de la fontaine de Trévi à la Piazza Venezia.

Le Fanfaron

Dino Risi (1962)

Rome un 15 août, c'est le désert. Rien de tel qu'une virée à bord d'une décapotable Lancia Aurelia B24, en compagnie de l'inénarrable Vittorio Gassman en Latin lover survolté et d'un jeune étudiant, Trintignant introverti. Le Fanfaron démarre dans le quartier moderne de Balduina (qui abritait dans les années 60 tout le gratin du cinéma italien) pour terminer sur les plages de la province de Livourne. Un road movie sur le boom économique. « Les Italiens allaient d'abord à pied, puis ils ont eu des bicyclettes. Ils ont ensuite inventé la Vespa et la Lambretta et un jour est arrivée la voiture. Celle-ci est le premier personnage du film. » (Risi)

Accattone

Pier Paolo Pasolini (1961)

« La via Fanfulla da Lodi, au milieu du Pigneto, avec ses masures basses, ses murs lézardés, était d'une majesté granuleuse, dans son extrême petitesse ; une pauvre petite rue humble et inconnue, perdue sous le soleil, dans une Rome qui n'était pas Rome. » (Pasolini) Pour son premier film, Pasolini tourne dans les faubourgs de Rome, à Pigneto, quartier défavorisé où vivent ouvriers et travailleurs du chemin de fer. C'est dans ce décor misérable, de la via Fanfulla da Lodi à proximité de la Porta Maggiore et de la gare de Termini, que le cinéaste fait évoluer son personnage, Accattone, marginal au comportement presque animal. Aujourd'hui Pigneto est l'un des quartiers les plus à la mode et les plus artistiques de Rome.

L'Éclipse

Michelangelo Antonioni (1962)

Rome au petit matin, été 1961. Un couple se sépare dans un appartement de l'EUR (Esposizione Universale Roma), quartier imaginé par Mussolini célébrant les vingt ans du fascisme et resté inachevé depuis la guerre. Vittoria quitte cette périphérie anonyme et désertée pour se rendre à la Bourse de Rome. Dans l'arène grouillante et bruyante, elle fait la connaissance d'un agent de change. Antonioni filme avec amour la silhouette de Monica Vitti au centre de ces univers déshumanisés, lieux d'échanges et de rendez-vous amoureux, figurant parfaitement les variations sentimentales.

La Fille qui en savait trop

Mario Bava (1963)

C'est dans une Rome inquiétante aux allures de ténèbres, que Mario Bava réalise le film fondateur du genre : le giallo. En visite dans la capitale italienne, une jeune Américaine est tour à tour victime d'une agression et témoin d'un meurtre. Personne ne croit à son histoire. Hommage à Hitchcock, La Fille qui en savait trop plonge le spectateur dans un décor noir et blanc éblouissant, tourné à proximité de l'église de la Trinità dei Monti et de la Piazza Mincio, gothique à souhait, qui servit de décor à quantité de films, dont les thrillers de Dario Argento.

Fellini Roma

Federico Fellini (1972)

Fellini avait horreur de voyager. C'est à Rome qu'il tourne la plupart de ses films et réalise notamment les scènes inoubliables de La Dolce Vita. Dans Fellini Roma, la capitale italienne est à la fois le décor et le sujet. Fellini raconte ses fantasmes les plus fous dans la Rome des années trente, où il débarque de sa province natale à la Stazione Termini, jusqu'aux années 70 en passant par la période fasciste. Une ville en pleine ébullition avec ses rues, ses appartements, ses bordels, ses théâtres, ses embouteillages et ses tournages.